Le constat du rapport commandé par Valérie Pécresse à Henri Isaac à propos du bilan du numérique dans les universités françaises est sévère. « Les universités sont encore trop faiblement présentes sur Internet et dans les réseaux de partage et d'échange en ligne autour de la connaissance », explique Henri Isaac, en soulignant que ce retard risque de « marginaliser » la France au niveau international. Le maître de conférences attribue ce retard à quatre freins majeurs : stratégiques, peu d'universités perçoivent le fait que le développement des ressources numériques peut constituer une source de valeur ; organisationnels, puisque la mise en oeuvre d'une politique numérique nécessite des adaptations structurelles coûteuses ; pédagogiques, car cela implique un changement des mentalités ; juridiques (notamment pour toutes les problématiques de droits d'auteur et de plagiat). Le rapport rappelle également l'arrivée d'une génération « native du digital », à savoir tous ces futurs étudiants qui ont grandi dans un univers 100% numérique (Internet, réseaux sociaux, téléphonie mobile, messagerie instantanée, iPod ou encore consoles de jeu vidéo). « Les universités devront accueillir des étudiants pour lesquels l'usage du numérique est totalement naturel et intégré dans leur vie quotidienne », car cet usage est devenu « central dans leur communication, leur langage, leur culture ». Or les universités ne sont pas du tout adaptées aux besoins et aux habitudes de cette génération Internet. Henri Isaac identifie un double objectif de politique numérique, « améliorer la qualité de service aux étudiants pour faciliter leur réussite dans le parcours universitaire » et « mettre l'université française au niveau des meilleures universités étrangères ». Pour atteindre ces buts, le rapport liste une série de propositions, comme numériser l'ensemble des documents pédagogiques afin d'en faciliter l'accès où que se trouve l'étudiant, développer l'enseignement à distance, garantir l'égalité des chances, lutter contre le plagiat ou encore améliorer la formation des enseignants. Reste à savoir qui paiera la facture, et convaincre les présidents des universités à allouer les budgets nécessaires au développement du numérique. Le rapport propose un contrat quadriennal cofinancé par le ministère pour subventionner la numérisation des universités françaises. En savoir plus Le rapport complet